lundi 28 novembre 2011

Bordel Seigneur, veuillez les pardonner car ils savent très bien ce qu'ils font.

Le problème avec les blogs, c'est que le cerveau est en ébullition toute la journée, depuis le réveil (enfin le réveil... c'est relatif).
Sous la douche, dans les transports, à la pause clope, au boulot, en bouffant...
Des idiomes, des idées, des coups de gueules.
Ca se bouscule au portillon.

Et forcément le soir, une fois devant l'écran, plus rien ne vient, plus rien n'arrive au bout du tuyau, tel un gazoduc israélien minutieusement mis à sac et flambant sous l'oeil goguenard d'égyptiens malicieux.

De ce fait (non je n'utilise plus le mot "Bref", qui déclenche l'hystérie d'un cyber auditoire ces temps-ci, suite à la parution, forte agréable dans un premier temps, de cette mini série humoristique éponyme... Malheureusement les divers épisodes ont été visionnés par des mirettes assoiffées de "LOLILOL", et dont les propriétaires (des mirettes hein?) s'empressent de partager sans modération sur Facebook et autres Twitter, avec des phrases pas drôle.
Un peu le même syndrome qu'avec "Vie de Merde" à l'époque, où chacun y allait de sa petite phrase anodine et tristement inutile (et profondément désarmante quant au manque de style employé, qui ce dernier était proche de celui que l'on peut retrouver sur une notice de médicament), ponctuée par le suffixe "VDM" histoire d'être hype et de faire comprendre à un cyber auditoire qu'il y a un degré d'humour sous-jacent)).

Donc je disais, DE CE FAIT, j'ai oublié tout ce que je voulais dire, tout ce qui m'était putain de passé aujourd'hui dans la passoire qui me sert de crane, et dont je voulais en faire part à mon lectorat, dont le nombre d'afficionados qui le constituent avoisine le PIB du Burkina Faso, c'est à dire un chiffre n'excédant sans doutes pas la dizaine de points.

C'est donc là que je vous sors de ma manche (de mon harrington de nazi/gauchiste sémillant de troisième voie. *record battu de préposition récurrente et récursive*), une carte non pas nommée Désir (ni Harlem), mais la carte du blogger lambda.

Vous savez, le stéréotype du blogger bobo âgé de 25 à 35 ans, qui ne peut s'empêcher de partager sa vie palpitante à base d'épreuves herculéennes telles que le rechargement de son pass NaviGROS, la commande d'un arabica à 15€ au Starbucks du Boulevard Montmartre (fear le café qui coûte plus cher qu'une action FT ou celle d'une SS2I côté au CAC MID100...), ou le partage frénétique d'informations débiles dénichées au coeur d'une encyclopédie aléatoire fonctionnant sur l'iPhone 3GS (à crédit, car c'était soit le portable, soit le dernier tiers prévisionnel de 2011).

*Nota Bene: songer à investir dans une syntaxe et une ponctuation plus fluide*

C'est bon vous visualisez? Voilà donc je vais faire comme le bobo lambda.
Mais sans le pull rose dépassant du trench coat, ni la barbe de 3 jours entretenue pendant 5 semaines (comme Aragorn dans Le Seigneur des Anneaux tiens... Le mec il part dans une épopée titanesque de plusieurs mois, il traverse la Terre du Milieu, lève une armée, mais il a toujours la même barbe de trois jours).

Bon ok j'embraye.
8h56 je m'engouffre dans les entrailles chaudes et humides de cette salope de parisienne, qu'est le métropolitain, plus précisément l'ex Nord-Sud.
Prochaine rame dans deux minutes.
Je dois attraper mon train à Saint Lazare qui décarre à 9h06.
Je suis large, Dieu est avec moi.
Je dois avouer que le regard bovin de tous ces CONS agglutinés les uns contre les autres tels des anchois de Collioure dans un bocal, ne m'avait absolument pas manqué durant mon exil rural.
Entre ceux qui lisent leur horoscope sur le 20 Minutes fraichement acquis, afin de savoir si c'est le bon jour pour réclamer au DAF (non pas le groupe de musique, ni le parti politique allemand, mais le Directeur Administratif et Financier, vous savez celui qui est payé 4500€ net, qui ne fume ses clopes qu'avec des contrôleurs de gestion et qui rigole avec ces derniers en usant de blagues cryptiques incompréhensibles à base de "Ohoh la péréquation entre les actifs est assurée pour l'exercice en S2"...) des RTTs ou savoir si bobonne va gueuler ce soir.
Il y en a d'autres qui scrutent leurs lecteurs MP4 afin de regarder avec une résolution minable le dernier épisode de "*Insérer ici le nom d'une métropole dégueulasse américaine suivi de Les Experts Judiciaires Fédéraux Special Investigation*" fraichement téléchargé la veille mais en V.F....

En gros tout le monde va au turbin, tout le monde en est fier de son taff lors des apéros, soirées, et étalages sur Facebook, mais le matin tout le monde fait semblant de ne pas y croire.
"Mais non je vais pas au boulot, je profite de mon dernier instant de liberté qui se compte en stations de métro, pour lire des mails que j'ai déjà lu trois fois hier soir, pour faire un Sudoku numérique que je vais lamentablement rater, et regarder la photo de ma copine qui est descendue deux stations avant moi".
C'est amusant et navrant. Je m'abstiendrai de tout commentaire, n'étant pas dans une démarche "nihiliste misanthrope de la mort qui méprise 99% de la population mondiale" comme certains veulent le faire croire sur Facebook, avec 300, 400, voir 1000 amis et plus!
Je relève juste avec objectivité les petits détails du métro.

Comme tout le monde, je scrute les autres pour voir si mes cernes sont encore acceptables face à la concurrence. Je tente de déchiffrer le poème à la con sponsoré (dixit Coluche) par la "Retape", poème aussi soporifique qu'une interview de BHL...

Saint Lazare, c'est le TouchDown, tous les passagers se précipitent en dehors de la rame, prêts à embrasser le bitume et se prosterner (du moment que l'on s'extirper) tel un vendredi à la Goutte D'Or.


9h et des bananes, je préfère ignorer les minutes, je pécho mon train (Merci Dieu), je trouve une place, le train part à la bourre (pour changer) et grâce à une méthode Orwellienne, un petit message automatique est diffusé dans la rame afin que l'on nous prie d'excuser et de tolérer ce désagrément. Novlangue en action, la minute de la Haine du métropolitain est terminée, maintenant on est dans le Transilien et on se dirige vers l'Ouest.

L'Ouest, la terre promise parisienne, vers laquelle par le passé fût guidé un étrange peuple profondément commerçant et attaché aux Valeurs par un prophète oublié (qui coupa très probablement la Seine en deux afin de rallier Neuilly à Courbevoie).
Vous l'avez deviné, La Défense, terre promise parisienne.
Mais moi je ne m'arrête pas là, mais sur le Mont des Oliviers... euh sur le flanc nord du Mont Valérien (autrement nommé certains soirs de cuite "la Montagne qui ne coûte pas un rond"... Je sors).

Puteaux, magnifique ville, avec ses rues qui vont de rien à nul part...
Bon bah voilà mon nouveau job c'est là. Et après on se fout de ma gueule parce que j'ai vécu dans le Finistère?
Héhé faudrait déjà commencer par raser 3/4 des villes de la petite couronne car c'est pas Byzance. Déjà pour trouver un DAB (car au tabac "sai15eurominimumpourfaireunecartebleue" et même si la courbe des prix des clopes devient exponentiellement une représentation d'un phallus turgescent, je ne fume pas encore 15 euros de clopes par jour. Même pas en 5 jours (oué oué, j'ai plus 16 ans)).
Tant pis je ne fumerai pas ou peu aujourd'hui.

Je ne dirai rien sur ma boite, ni sur mon boulot car OSEF.

Mais juste que sur le trajet, je me suis dit "j'ai beau avoir quitté la Bretagne il y a deux mois, je me retrouve encore à prendre les transports vers l'Ouest".

Ce putain d'Ouest. Toujours l'Ouest. Que ce soit 10, 20 ou 600km.

Certains sont orientés vers la Mecque, d'autre vers le bistrot le plus proche.
Moi c'est l'Ouest. Peut être au final l'expression manichéenne d'une volonté de courir après le Soleil, afin de rallonger mes journées pourtant parfois ennuyeuses, ou la volonté de me jeter dans les eaux douces de l'atlantique (réchauffées par le Gulf Stream).

Tout ça, ce putain d'article inutile de blog, pour dire que tout ce dont je me souviens de ma journée, c'est que ce matin, je m'étais fait la remarque que je me dirige toujours vers l'ouest.
Jamais j'ai bossé à Montreuil ou dans le 11eme, non non. Toujours l'ouest parisien, l'ouest francilien, l'ouest de la France.
Cela m'avait juste fait tiquer l'espace d'une demi seconde et voilà que je viens de perdre 35 minutes à écrire des futilités à ce propos (ouais trente cinq minutes car la télé est allumée, objet du Diable).

Bref, j'ai quand même fait mon bobo qui tient un blog inutile.


Le Connard de la Butte Montmartre.

mardi 3 novembre 2009

La petite musique est de retour.
Bien entendu, il fallait qu'elle revienne lorsque je ne l'attendais pas, celle là...
Cette catin, qui me dicte la vie sur différents airs.

Au début, on m'avait mis la tête au fond des chiottes, bien que je me demande si je n'avais moi même pas essayé d'y plonger, histoire de voir ce que ça fait.
On résiste, on lutte inutilement, l'étreinte se renforce.
Puis on y prend goût, on avale.
Ouais on avale.

Et à un moment on se rend compte que l'étreinte n'est plus.
Désentravé, on hésite à se lever pour respirer ou continuer, dans le fond des chiottes, à peser le pour et le contre de tout et de rien.

Désentravé.
Voilà, ça c'est fait.
On écarquille les yeux, tout est limpide.
Tout est limpide.
A croire que la merde du fond des chiottes sert d'étalonnage en terme de contrast.
Règle ton écran, hop, avale en guise de "degauss".
Quoi? Encore flou?
Avale encore un coup. C'est bon la luminosité? Plus de bruit, plus de grain?

Cette limpidité, on en vient à remercier le marchant de stress d'être passé et de nous avoir vendu sa came.
L'anti-rêve, l'ancre de normalité sociale, le calibrage des ambitions, la cessation de paiement de l'âme.

Tiens, voilà que ce VRP éthéré de la non-couleur revient à la charge.
Il a oublié de nous mettre plein la gueule des offres promotionnelles, des échantillons, des cadeaux commerciaux, qu'il dit.
La petite musique s'emballe, la boite à musique s'emplie de molécules racémiques de type ,4-méthylène-dioxy-méthylamphétamine.
Du S(+) et du R(-), en voilà.
Les notes se dédoublent, une étrange harmonie atonale prend place et se réverbère partout sur les parois du crane.
Le Fleuve Mécanique est en marche, ce flot incongru de notes volatiles sortent de la bouche de ce marchand de stress.

Voilà qu'il me propose un échantillon de stress dit "La peur du VIH en attendant ses résultats du Laboratoire d'Analyses Médicales".
Il reconnait que le nom est trop long, le service marketing planche sur un nouveau slogan plus fédérateur, du type "la peur sidaique".
Il me propose également "La culpabilité du Pauvre".
Celle-ci me plaît d'avantage, je suis prêt à signer le bon de commande, surtout quand je vois la petite clause stipulant qu'il est ici question de pauvreté morale, d'atrophie sentimentale.

Il ne s'arrête plus, voilà qu'il me déballe tout de son catalogue, la petite musique déraille, je ne comprend plus qu'un mot sur trois, si l'on peut appeler cela des mots...
Oui, non, voilà, ce sont des images mentales, avec une accélération cardiaque, un raidissement de la nuque, mais à chaque fois, d'une manière différente.
Il me vend son stress en ligne, le streaming est à fond, je n'ai même plus le temps de cocher les conditions de vente qu'il m'upload dans la ganache tout un tas d'articles.
Il connait son boulot, l'enflure.

La petite musique se transforme en bruit blanc, je continue de déglutir tout ce qu'il me force à acheter, au prix dérisoire de mon âme. Il s'approprie mes sentiments, qui sombrent dans le domaine public, ça y est ils vont povoir être plagiés, mis en vente libre.
Finalement je me dis que j'aurai mieux fait de rester la tête au fond de la cuvette, d'ailleurs elle n'est pas loin, à 2 mètres seulement.
Mais devoir tourner le dos à ce très cher marchand de non-rêve serait regrettable.
Un immonde sentiment de culpabilité m'emparerait et je m'en voudrais de rater tout ce qu'il me propose à la vente.
Je continue de paier, je fouille encore le fond de mes poches, celle de l'esprit, je lui règle comptant toutes ses merdes, à coup de pensées, de souvenirs.

Il me montre les pages du catalogue, ça défile, je ne retiens rien, j'opte pour presque tous les articles.
"La peur de la réunion professionnelle inattendue, le matin."
"Le coup d'adrénaline de la voiture qui vous frole à côté du trotoir." Bof, minable celui ci.

Au passage il me fait signer un abonnement illimité, non résiliable ou contre paiement,
"La Peur Symétrique", celle de la peur de l'autre, celle qui engendre cette même peur CHEZ l'autre, et qui vous plonge dans cette spirale moisie.
La musique devient folle, elle m'ordonne de signer, je m'exécute, ne pouvait résister à ce marketing viral.

Ce marchand de stress mute en l'avatar de Shiva.
Avec ses plusieurs paires de bras, il m'omnibule, il m'hypnotise.
Je ne fais que suivre du regard, le regard lavé au sérum physiologique issu des chiottes.

"La peur du découvert bancaire de fin de mois". Pourquoi pas, c'est un article somme toute populaire.
Un 20-80 qu'il me dit.
Je ne comprends pas.
Il m'explique que ça fait partie de l'un de ses 20 articles qui lui assurent 80% de son chiffre d'affaire.
Le best seller en somme.
A cela s'ajoute "la peur du gendarme sur l'autoroute" qu'il me dit, un bon 20-80.
Pas intéressé, j'ai pas encore le permis en poche que je lui dis.
"Ce n'est pas un souci, en option je peux vous rajouter "véhicule volé et conduite sans permis"".
Je refuse.
C'est pas grave il rebondit, il me propose autre chose, il me montre la page du catalogue.

La musique s'arrête, tout s'arrête, l'autre con se fige.
J'ai bien compris qu'il dévorait mes pensées, mais il vient de tomber sur quelque chose qu'il n'aime pas.
"Merde, une âme sans provision, des pensées post-datées, un faussaire!".

Je me resaisis mais c'est trop tard, j'ai mal au cul, je n'ai plus de fausse devise, plus un rond de toc, ni même un rectangle d'ailleurs.
Il fulmine, je lui dis d'aller enculer un vide-ordures, il me traite de Bizarro,
je lui réponds de s'enfoncer un...

La petite musique laisse place à un léger grésillement, le cd a été éjecté, tournant encore sur lui même.
Merde, midi 05, c'est même pas encore la pause déjeuner mais je n'ai pas avancé sur mon travail.
Encore une matinée gâchée par un commercial...


Quelque chose me dit que ce n'était que mon premier entretien avec ce con là, lorsque je remarque sur mon bureau, sa carte de visite ainsi qu'un parapheur de contrats signés de ma main.

merde.


A.

mardi 13 octobre 2009